Biographie


Charles Théophile, dit « Théo » Berst est né à Strasbourg, alors ville allemande, le 4 novembre 1881 de parents protestants.

A 17 ans, il termine ses études secondaires, puis entre à l’Ecole Technique de Strasbourg. Avec l’un de ses professeurs, il collabore à des travaux d’architecture de maisons paysannes et bourgeoises en Alsace. Perfectionniste, il complète ses connaissances par des stages en maçonnerie, s’essaye au taillage de pierres, s’intéresse à l’arpentage et à la constructions de ponts, avant de rejoindre l’Ecole des Arts Décoratifs de Strasbourg, « section décoration et ornement».

Il a 22 ans quand il entre à l’Ecole polytechnique de Karlsruhe. Attiré par les compétences et la renommée de ses maîtres, Karl Schaeffer et Max Laeuger, dont il est l’assistant en architecture et art appliqué.

En 1904, aux côtés de Pierre Bûcher et de Philippe Bohlinger il entreprend la rénovation d’une maison, qui deviendra Le Musée Alsacien. C’est son premier chantier d’architecte agréé.

En parallèle, il participe à de nombreuses expositions dont celle des Arts Appliqués de 1906 à Dresde : « L’Art Populaire aux côtés du Mouvement Artistique Moderne ».

Théo Berst s’engage par la suite dans divers mouvements artistiques, dont celui des Artistes Indépendants d’Alsace. Il publie des articles dans lesquels il défend sa conception d’un art qui allie confort moderne, esthétique et tradition. Il a 25 ans en 1906, lorsqu’il rencontre Auguste Jacquemin, à la tête d’une florissante entreprise de mobilier. Leur collaboration durera de nombreuses années.

Architecte agréé de la province de Basse Alsace, Théo Berst ouvre son premier cabinet d’architecture en 1907. Il se marie la même année avec Hermine Rentz, fille d’un architecte de Karlsruhe.

Membre de L’Union des travailleurs, il continue de défendre le rôle fondamental de l’artiste, au delà de l’architecte dans la conception d’une maison. En 1913, lors de l’Exposition internationale d’architecture de Leipzig, il illustre ses convictions en matière d’architecture, d’art et d’esthétique à travers une série de meubles. Son travail est récompensé par une médaille d’or.

Son talent ne se limite pas à l’architecture. Lorsqu’il crée une maison c’est de A à Z. De la qualité des structures jusqu’au plus petit détail : fenêtres, rampes d’escalier, éclairage, la décoration extérieure comme intérieure, meubles, tapis, tapisserie, papier peint, coussins, vases, coupes en métal, lustres et cristaux.

En 1914, il part sur le front belge muni de son seul appareil photo. Pendant toute cette période, il immortalise tous les événements autour de lui et crée des monuments, des pierres tombales, écrit des journaux, des chansons et des poèmes destinés aux combattants.

En 1918, il rentre dans son Alsace natale, laquelle est redevenue française. Les Alsaciens étant alors considérés comme étrangers, il quitte Strasbourg et se retire pendant trois ans à d’Odratzheim.

Il renoue avec sa passion en 1924 pour Le bal des Artistes dont il crée les décors trois années de suite. En mai 1925, à seulement 44 ans, il créé le Pavillon de l’Art en Alsace sous le patronage de la Société des Amis de l’Art de Strasbourg pour l’Exposition internationale des Arts Décoratifs et Industriels modernes de Paris. Il y expose ses créations : salon de musique, chambre de jeunes filles, fumoirs et expose de nombreux dessins, cristaux, lustres, tapis et rideaux. Il devient alors membre des Artistes Décorateurs de Paris.

En 1948, il est chargé de redonner vie au village de Lembach, détruit par les bombardements par le Ministère de la Reconstruction. Avec ce projet, il renoue avec l’architecture régionale, qui lui tient à coeur.

En juillet 1962, à 81 ans, il est inhumé à Ittenheim sur la terre de ses ancêtres.

par Jean-Pierre BERST, son petit-fils.